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«Ce dossier est un bordel sans nom»



Ils étaient nombreux aujourd'hui à poster une photo ou un message, une pensée ou une phrase bien sentie.

«12 ans, et toujours ce silence». Parmi mes ami(e)s, beaucoup ont connu Samir Kassir au quotidien. Dans ses combats de journaliste ou d'homme de gauche. Moi, je ne l'ai croisé qu'à de rares occasions dans ma vie. La première fois en 1997 quand il m'avait reçu dans son bureau à Accaoui. Rien de plus. Je n’ai pas connu Samir, seulement M. Kassir.

En lisant tous ces messages aujourd'hui, sur Facebook ou sur Instagram, j’ai été touché par cette affection que ses proches lui portent encore. Si vivace. Moi, je me suis demandé où en était l'enquête. J'ai eu besoin de me rafraîchir la mémoire. Et comme il n’y a rien de vraiment consistant sur Internet, j'ai appelé une «source bien informée» comme ils disent à L'Orient. Une source au cœur de l'équipe d’enquêteurs de la police judiciaire française. Kassir était bi-national, une équipe avait donc été dépêchée de Paris à Beyrouth pour mener l’enquête en 2005. Avant que le super-juge Bruguière ne récupère le dossier en 2006.

Je vous laisse avec les infos recueillies aujourd'hui. Brutes.

«Tout flèche le Hezbollah. Plusieurs noms ont été cités, dont celui de Mustafa Amine Badreddine, mort en mai 2016 en Syrie, fumé par Daesh. Celui-ci avait également été mis en cause par le TSL dans d'autres assassinats.»

«Dans l'enquête sur l'assassinat de Samir Kassir, l'analyse de la seule téléphonie ne nous a rien appris, nous n'avons pas pu en tirer de conclusion. Certes, nous avons identifié un appareil dans le quartier plusieurs jours avant, pour le repérage, mais c'est tout. C'est là que la superposition des informations est essentielle, et malheureusement inexistante dans cette affaire. Car cet appareil téléphonique est le même que celui utilisé lors de l’assassinat de George Hawi. Le mode opératoire a été le même dans ces deux opérations, même si ce fut plus compliqué contre Hawi car celui-ci disposait d’une sécurité renforcée que Kassir n’avait pas.»

«Ce dossier est un bordel sans nom. Le principal problème, c'est que le TSL et le Tribunal international de La Haye n'ont pas voulu lier le cas de Samir Kassir aux autres, ils n'ont pas voulu faire la jonction des pièces. C'est vrai que c'est chiant, cela engendre beaucoup de formalités. Le versement des pièces du dossier a été refusé car parfois cela peut représenter plusieurs mètres cube de paperasse. C’était compliqué mais c’était faisable.»

«Toutes les enquêtes ont été tronçonnées. Officiellement on ne peut pas faire de corrélation entre les différents cas. Le juge Bruguière a demandé le versement des pièces, mais les magistrats du TSL et de La Haye n’ont pas permis cette procédure.»

«Aujourd’hui, plus personne ne travaille dessus, ça va rester dans les tiroirs. Nous, en tant que police française, on ne peut pas aller plus loin. Ça ne dépend que des magistrats.»

«Sauf s’il est suicidaire, je ne vois pas un député libanais qui oserait secouer le cocotier et relancer vraiment le dossier.»

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