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Décembre 1961
Parce qu'on y parle de violence, de verre brisé et d'un attentat de l'OAS rue Mouffetard à Paris.
Days of Thawra.
Liban, 2019-2020.

Day #9.
Beyrouth, vendredi 25 octobre 2019.
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Comme tous les gens touchés par ce qui se passe au Liban depuis le 17 octobre, cela fait 8 jours que je regarde les infos, que je pioche vidéo et anecdotes dans mes feeds Facebook et Instagram. Les premiers jours ont été marquants, avec leur lot de pneus brûlés et de manifestants masqués. Cela fait 8 jours que Beyrouth est en ébullition. C'est la thawra, la révolution. Jeudi 24, la veille de ce Day #9, je prends finalement un billet pour Beyrouth. J'arrive vendredi après-midi de ce côté-ci de la Méditerranée. Il fait bon à Beyrouth, l'air un peu épais m'enveloppe comme je m'y attendais. C'est encore un peu l'été ici. Je file au centre-ville. C'est la fête.
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Place des Martyrs, une grande scène voit les tribuns d'un soir défiler. Dans la foule, des groupes scandent leurs propres chants, à coups de "Hela hela ho, Gebran Bassil, kess emmo", "Thawra! Thawra! Thawra!", "Kellon ya3ne kellon"... Plus haut sur le parking devant DHL, universités, ONG et membres de la société civile ont pris le pouvoir, des discussions citoyennes s'engagent sous les tentes aussi fragiles que nécessaires. Comme cette révolution.









Day #10.
Beyrouth, samedi 26 octobre 2019.
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Le peuple libanais a pris le pouvoir au centre-ville. A Furn el-Chebbak, je prends un service. Je demande "Thawra": le mot qui désigne la révolution est vite devenu un lieu géographique pour les chauffeurs. Des chauffeurs qui – tous sans exception pendant mes 8 journées à Beyrouth – se disent contre cette révolution, "remplie de drogués et de prostituées". Le discours classique des partisans de Amal
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Les Libanais sont venus de tout le pays pour manifester à Beyrouth. A Tripoli au nord et à Nabatiyeh au sud, des scènes similaires. A Beyrouth, le centre-ville s'est vite transformé en kermesse: vendeurs de rue, imprimeurs de t-shirt en sérigraphie. l'heure est encore à une certaine insouciance...




















Day #11.
Beyrouth, dimanche 27 octobre 2019.
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Le rendez-vous circulait depuis plusieurs jours pour ce dimanche: appel général pour former une chaîne humaine, de Tyr à Tripoli. Je choisis Aïn el-Mreisseh comme point de départ. Je suis la chaîne jusqu'au bain militaire, après le nouveau phare. C'est brouillon, joyeux, tout le monde est heureux d'être là. Je discute avec des dames d'un certain âge qui me demandent d'où je viens. "Ah, vous les Français, c'est de votre faute tout ça! Pourquoi avez-vous couvé Khomeiny dans les années 70? Vous auriez pu le garder! Tout part de là!"
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En fin d'après-midi, je retourne au centre-ville. Toujours beaucoup de monde. Les manifestants visitent tous les lieux, avec une prédilection pour le fameux Œuf, le dôme du City center symbole de Beyrouth, et le Grand théâtre qui menace de s'écrouler. L'heure est toujours à la fête. Tard dans la soirée, un vieux autocar Dodge tente de se frayer un chemin pour s'extirper de la place des Martyrs, ça klaxonne, ça chante...
























Day #12.
Beyrouth, lundi 28 octobre 2019.
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Je débarque du côté de Borj el-Ghazal, juste à la bonne heure, ni trop tôt, ni trop tard. Ma bonne étoile est là. J'aperçois un petit attroupement qui se forme. Une dame âgée, vêtue d'une chemise de nuit Vichy rose et d'un drapeau libanais en guise de cape, interpelle les jeunes manifestants. Je m'approche. Je la reconnais, c'est la peintre Laure Ghorayeb. La scène est juste extraordinaire. La connexion est instantanée entre la vieille dame et les jeunes Gavroche, les regards amoureux l'enveloppent, ils scandent "Téta!" sans savoir probablement de qui il s'agit.
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Je monte ensuite vers la Banque du Liban à Hamra, il n'y a presque personne. Je m'amuse du drapeau israélien taggué au sol. Je repars à pied, en descendant le Ring à contre-courant d'un trafic habituellement assourdissant. Drôle de sentiment de liberté. Un peu plus bas, au niveau de Riad el-Solh, des manifestants ont dressé un salon d'été sur le bitume, avec chaises longues et parasols. La scène est encore plus belle avec un rayon de soleil en contre-jour. Mon image favorite
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Après un détour par Jal ed-Dib sous des trombes d'eau, je termine la journée au Ring. Les routes sont encore trempées, les lumières de la ville jouent avec les flaques d'eau. Les manifestants s'amusent. Ça joue à la marelle, au foot, au tawlé, ça discute un peu partout. Les jeunes de ce soir ont le sentiment du devoir accompli. Le carrefour est à eux