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L’association Sesobel a besoin de nous


Bad news. J'ouvre Facebook un peu par hasard entre deux trucs et j'apprends que l'association Sesobel (SErvice SOcial pour le Bien-être de l'Enfant - Liban) pourrait fermer ses portes très bientôt. La nouvelle m'a à la fois rendu triste et énervé. Sesobel est une association libanaise prenant en charge les enfants atteints de handicap physique ou cérébral. En 40 ans, elle a accueilli des centaines d'enfants que la société libanaise préfère (souvent) cacher. Les hommes et les femmes de cette association – médecins, personnels d'accompagnement, cuisinières, chauffeurs de car, responsables des volontaires et j'en passe –, je les connais. J'ai eu la chance de passer du temps avec eux. Ce sont des hommes et des femmes admirables qui remplissent une fonction que l'Etat a laissé tomber depuis trop longtemps. Comme beaucoup d'autres me direz-vous.

Il y a 7 ans, j'ai en effet eu la chance de travailler avec cette association, parallèlement à un projet photo avec les étudiants de l'Académie libanaise des Beaux-Arts (ALBA). Nous avons même publié un livre sur son histoire, 7 Jours parmi les anges. J'y raconte la passion du personnel de l'association, ses difficultés aussi. Mais également ses projets comme, à l'époque, un centre entièrement consacré aux enfants autistes. Je me souviens déjà qu'à l'époque, les questions financières étaient sur toutes les lèvres. Mais comme la foi déplace parfois des montagnes, l'optimisme baignait les cœurs. Les bailleurs étrangers commençaient malgré tout à fermer le robinet, déjà en 2012... Sept ans plus tard, je refuse que cette association s'arrête. Je peux vous l'assurer: Sesobel fait un travail exceptionnel. Et vital.


Immédiatement, j'ai pensé à Fadia Safi, la directrice de l'association, ex-bras droit de la fondatrice Yvonne Chami qui s'est elle lancée corps et âme dans une autre association, pour les adultes cette fois, Anta Akhi. Fadia est une femme inspirante, je sais combien elle s'est battue ces dernières années pour maintenir cette association à flots. Ça me rend dingue qu'elle pense aujourd'hui à fermer le portail blanc du centre pour de bon. Tout ça pour une histoire de gros sous. J'espère qu'elle arrivera à mobiliser toutes ces "bonnes consciences" que j'ai croisées si souvent durant toutes ces années à Beyrouth. J'espère aussi qu'un jour l'Etat libanais pourra remplir son rôle, ce qui permettra peut-être d'éviter d'avoir recours à la générosité ponctuelle des gens.


Mais c'est une réalité: Sesobel a aujourd'hui besoin de nous plus que jamais.


A ma petite échelle, je vais donc essayer d'aider. J'ai donc commencé par appeler Fadia. Elle m'a raconté un peu la situation. Sesobel (comme les autres associations libanaises) n'a pas reçu les subventions de l'Etat lui permettant d'assurer le minimum, de juin 2018 à juin 2019. Côté dons privés, le flot s'est aussi tari. Les donateurs libanais ont réduit la voilure car le pays va (très très) mal, et les donateurs étrangers préfèrent les réfugiés syriens depuis quelques années, c'est davantage bankable. "Nous sommes en contrat avec l'armée libanaise et l'Etat libanais, mais ils n'ont pas honorés les 2 millions de dollars qu'ils doivent nous verser. Nous avons donc dû arrêter la construction du centre pour autistes, explique Fadia. Avec ce qui nous restait du budget, nous avons payé les derniers mois de salaires, nous avons tout dépensé." Aujourd'hui, les caisses sont quasi vides.



Les parents des enfants pris en charge (très souvent issus de classes défavorisées) ont appris la mauvaise nouvelle par un courrier de la direction. Ils se sont immédiatement mobilisés et ont diffusé l'info aux médias. Des liens tournent un peu partout sur les réseaux sociaux, mais cela ne suffira pas. Sesobel a besoin de dons. "Notre cri a été entendu, il y a un peu de mobilisation, mais nous avons surtout besoin d'argent. Il y a au Liban 12000 enfants handicapés qui ont besoin des associations comme Sesobel, répète Fadia. Tel que nous sommes partis, toutes les associations s'arrêterons d'ici deux ou trois mois."


Alors voilà, je vous laisse avec le lien vers la page du site de Sesobel où vous pouvez faire un don, et avec une interview de 2012 sur la MTV durant laquelle Fadia et moi parlons de l'association et du livre que nous avions fait ensemble.


Avant de raccrocher, Fadia me demande: "Mais pourquoi n'es-tu pas venu nous rendre visite lors de ton dernier voyage au Liban?" Je lui ai promis d'y aller la prochaine fois. J'espère y trouver le portail blanc grand ouvert. La cour de récré, et le sourire des enfants... Voici une promesse que j'ai envie de tenir.




 
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