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Samir Müller, l’Odyssée de la terre



Cela fera cinq ans le 11 juin que le cœur de Samir Müller s'est arrêté de battre. Cinq ans nécessaires pour publier ce livre intitulé Samir Müller, l'Odyssée de la terre. Tout a commencé sur les marches de l'église protestante du centre-ville de Beyrouth, le jour des funérailles le 13 juin 2013. D'une discussion avec Carla Salem, graphiste et amie de Samir, et Alain Brenas, directeur de l'Alba (Académie libanaise des Beaux-Arts) où Samir et moi donnions des cours. L'idée émerge en deux minutes: oui, il faut faire un livre en hommage à Samir, lui qui n'aimait ni les honneurs ni les projecteurs. Lui qui était un peu désespéré par le regard que ses concitoyens portaient sur son art.

Six mois plus tard, c'est finalement l'USEK (où Samir enseignait également) qui s'implique dans l'édition du livre. Une première date de sortie du livre se précise: le 21 septembre 2015. Désolé pour ça, nous avons presque trois ans de retard. Le vrai making-of de la fabrication du livre (aka mon interminable chemin de croix) sera développé dans un futur post pas piqué des vers, ça va saigner grave (attention âmes sensibles s'abstenir, les anticléricaux comme moi se régaleront). Mais pour l'heure, je suis là pour parler du livre tel qu'il existe aujourd'hui.


Ce livre – qui doit son graphisme à Carla Salem – réunit plusieurs textes (dont la préface du calligraphe Samir el-Sayegh), ainsi que les photographies de Ghadi Smat, d'Aline Haddad, quelques unes des miennes, et les reproductions des pièces de l'artiste qu'Elie Abi Hanna a réalisées au nom de Roger Moukarzel (nous avions monté lui et moi un studio photo pour reproduire et numéroter quelque 400 pièces de Samir dans un sous-sol froid et humide quelque part dans la montagne)... Nous nous sommes tous engagés, sans exception, sans toucher un dollar sur ce projet. Sans quoi ce type de livre ne pourrait jamais voir le jour. Et c'était la moindre des choses. Samir m'a tellement donné pendant toutes ces années où je l'ai côtoyé, pendant toutes ces années où il a ouvert les portes de son atelier, à moi, à mes filles ou aux ami(e)s qui m'accompagnaient. Samir mérite tant que l'on s'implique pour lui, lui l'homme généreux, lui l'artiste honnête et sans fard.


En janvier 2015, juste après avoir quitté le Liban, j'écris le texte d'introduction du livre, dans mon petit village de Normandie. Une semaine plus tôt, j'étais encore sur les route du Chouf, la région natale de Samir, pour faire des photographies d'un chêne vert perdu au creux d'une vallée un peu cachée. En décembre 2015 et mai 2016, je pars à deux reprises à Beyrouth pour produire la maquette, avec beaucoup de retard donc, avec Carla Salem. Le livre est prêt à être imprimé.

Parallèlement, je rencontre l'équipe du Musée Sursock, en mai 2016, en vue de l'organisation d'une exposition rétrospective au musée consacrée à Samir, lui qui était un habitué des lieux via de nombreuses éditions du Salon d'automne au cours desquelles il a été primé à plusieurs reprises. L'idée est de lancer le livre en même temps que l'exposition. Expo planifiée au printemps 2017.

Le livre attend de partie sous presse. Je suis tellement impatient de le voir sortir des rotatives. Car dans cette histoire, Carla et moi (ci-dessous) avons eu la chance d'avoir reçu carte blanche de la part de May Müller, la sœur de Samir, la gardienne de sa mémoire. Nous avons pu créer le livre que j'avais en tête et j'en suis très heureux.


Le titre de cet ouvrage est inspiré de cette photographie que j'ai prise dans l'atelier de Samir, en juin 2013. J'y ai immédiatement vu une planète abandonnée et sa lune, éclairées par un soleil lointain. Comme une parcelle d'un univers oublié. Cela m'a paru évident, sur le moment. Je savais que j'avais la photo de couverture du futur livre, histoire de ne pas dévoiler dès la couverture les merveilleuses couleurs que Samir utilisait. Je veux que les lecteurs partent à la découverte de ce personnage, l'un de mes frères libanais. Dans le même esprit que la couverture, le sommaire s'est structuré autour d'un vocabulaire lié à l'espace et à la géométrie: sphères, étendues, monolithes, éléments, univers... La dernière série du livre, réalisée par Ghadi Smat deux jours après les funérailles, vous emmènera dans l'atelier de l'artiste tel qu'il l'a laissé, ce jour de juin où son cœur s'est arrêté après une partie de tennis.

Je vous attends donc le jeudi 31 mai à Beyrouth à partir de 19h, à la boutique du Musée Sursock. Cela constitue même un double événement, avec l'inauguration à la même heure de l'exposition hommage, au 1er étage du Musée Sursock, intitulée Samir Müller: Painter of Clay. Aujourd'hui, le livre est là, j'en suis très fier, j'ai envie de partager ce plaisir avec vous, sans que personne ne vienne plus gâcher mon plaisir. Avec plus de deux ans de retard certes. Mission accomplie quand même.


En attendant, je vous propose de découvrir ci-dessous quelques unes des œuvres de Samir Müller, ainsi que la série photographique que j'ai réalisée en 2011 sur la fabrication artisanale de son argile, intitulée La terre de l'homme.

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